Du rêve à la réalité

Publié le par Cel

Une province Biscaye et sa grande capitale, un petit peu plus riche que les autres, vivant sur l’industrie de sa Bilbao. Nous arrivons, nous sentons ses fumées, inhalées à plein poumon : n’ouvre pas le second, les alvéoles piquent par ses toits de pollution. Je me sens comme chez moi, il y a des noirs et des jaunes, des quartiers barbésiens et ses bonnes odeurs de friture. Il y a aussi le tram et le métro. Pour le vieux quartier et sa périphérie, ce sont des linges étendus sur les fils et ses couleurs qui ne se marient pas mais formant des petits bonheurs qui te mettent la joie au cœur. Plus en aval vers Nervion, où les déchets s’embrassent, les plus belles bâtisses, ornées avec ces airs païens, ses escaliers en marbre et son centre commercial à faire pâlir d’envie les petites parisiennes. Je préfère largement ses rues pavés où la tong ne peut pas être au rendez-vous, ses vieilles façades usées par le temps et ces gens qui rient de mon accent « Donde esta el Cortes Ingles », le bonhomme s’en trouve un peu étonné, il regarde par-dessus son épaule avec ses courses dans les bras, l’indication était erronée, tant pis, on se fiera aux pieds.


Sopelana nous accueille au camp de réfugiés, sur son sable noir et épais, nous plantons à 90 degrés, la nuit est rude et festive du côté des surfeurs, courte me semble-t-il.

 

Quatre jours que nous errons en Espagne, il est grand temps de se mettre sur le chemin du retour. C’est ainsi que nous rencontrons, l’Océan, cette mer Cantabrique, qui ne remue pas, bleue et transparente, elle bluffe le touriste, lui raconte des tempêtes alors qu’il n’en est rien. Berméo, ô doux rêves…


Il est bien des lieux que j’ai découverts et des paysages que j’ai admirés : Zarautz dans toute sa splendeur, fille unique et capricieuse, riche et trop aimé, Zarautz la bourgeoise, belle sous toutes les coutures mais si superficielle. J’attendais aussi des châteaux gouvernés par Henri aux malles remplies de trésor, j’attendais ces villes baignées dans une histoire, marquées par le peuple, et ces auberges où l’on se désaltère à n’importe quelle heure de la journée.

Berméo me réconcilie avec ces terres. Son nom sur une carte, j’y pointe le doigt.


Berméo, ma joie, mon fantasme…


Elle ressemble à la Sicile des magasines, un port, un accordéon, je lui dirai bien bonjour mais je ne suis pas sur le pont des Arts, une langue, un fossé, un sourire pour toute expression. Sans le rendre, l’accordéon pianote les touches, respire cette mélancolie que j’aime tant. Souffle mon beau et bouge tes hanches. Léo Ferré fredonne mais je ne la connais pas,

« Le piano du pauvre
Se noue autour des reins
Sa chanson guimauve
Ça va toujours très loin
Car il n'est pas chien
Toujours il y r'vient
Il a la pratique
C'est pour ça d'ailleurs
Qu'les histoir's de coeur

Finiss'nt en musique »


Tôt le matin, il n’y a encore personne, les gens n’aiment pas le matin où les couleurs t’abrutissent. Au bout de la digue, je m’émerveille, deux horizons différents, à l’Ouest, cet azur lointain, et l’Est au soleil qui s’éveille, déjà si fort, aiguisant le sommet des montagnes.


Allongée, je regarde le ciel, il me fait l’amour, me pénètre délicatement dans cette chair ouverte à son unique beauté. Les nuages parsemés se transforment en des milliers de dessins, bossus et aériens, rasant sa peau de près et laissant les rayons de la destinée lui rappeler qu’il n’est rien, ô mon nuage.


Comme pour la montagne, je me heurte à se soucis de vocabulaire, où les mots ne sont plus rien, rien qu’un flot d’espoir et de mémoire.


Je ferme les yeux, une vague se brise puis une autre et encore une autre, une mouette plonge sur le repas, elle déploie ses ailes, le vent attise Izaro, belle île en mer. Je suis chez moi, je sens le bigorneau de là-bas et la vase, ces parfums de marchés qui attendent les bateaux, le plus beau c’est qu’il n’y a ni marché, ni bateau. Il pêche, lance sa ligne, ils sont énormes, dans la transparence, ils sont énormes. Les vagues claquent sur la digue, j’entends encore l’accordéon, il donne la main au vent. Et une femme promène son abuela sur le front de mer, c’est vrai qu’on pourrait y déposer ses ultimes pensées, ses ultimes regrets, elle n’en a pas l’abuela, la tête haute.



Olives, piments, harengs.


Pendant que je piétine un de nos ministre, au petit café du coin, les vieux parlent fort et font partis du paysage, ils racontent leurs enfants et leurs voisins, comme partout. Je ne comprends pas, vélocité de la langue !


L’instant à Berméo est infini, intemporel, « en dehors du temps et de l’espace, ample comme l’aurore »

 

Publié dans On s'fait du bien

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S
..... no comment :p
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C
allez vas- y, je t'écoute ...
B
Je reve de voyager, si je n'en pas encore eu reelement l'occasion (peut-etre pour ca que j'en reve dans un sens) c'est veritablement un des trucs en haut de ma liste non-exhaustives des choses a faire avant de passer chez St Pierre. De voir ces photos et de lire ces mots ca me rejouis en un sens, car je voyage un peu au travers des images et des paroles, mais ca me frustre car ces mots ne sont pas les miens et ces clichés ne sont pas de ma main. Bref tout ca pour dire que malgré ma haine profonde envers l'espagnol (je suis une bitouze intergalactique) j'ai bien envie de troquer mon emploi du temps d'etudiant contre un carnet de route une guitare et un baluchon.
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C
même sans carnet de route c'est sympa, je te jure ;)
O
Bonjour <br /> merci de ton passage , a mon tour de te rendre visite et d'etre ravis par ton blog <br /> Gérard
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C
merci :)
F
Le piano du pauvre, très vieillle chanson... Le piano du pauvre n\\\'a pas fini de jaqueter sous les regards fauves des rupins du quartiers...
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C
Et je suis certaine que là.. ca marche ;)
D
heu.. je voulais dire : "je connais PAS bien sur !!" rhoooo ces doigts alors !!!!!!
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C
j'avais compris... :)